50 000 cas de cancers par an au maroc, un chiffre en constante augmentation un outil indispensable pour planifier la lutte contre le cancer : le registre du cancer


L’Association Marocaine des Registres des Cancers (AMRC) a organisé, sous l’égide de la Fondation Lalla Salma - Prévention et traitement des cancers (FLSC) et en partenariat avec la Direction Régionale de la Santé Casablanca-Settat (DRS), sa première journée nationale du registre des cancers sous le thème « Surveillance du cancer au Maroc : Passé - Présent et Futur », tenue le 21 Janvier 2023 à Casablanca.

Durant cette journée, les experts nationaux (Représentants du Ministère de la Santé, de la Fondation Lalla Salma et de l’Association Marocaine des Registres des Cancers) ont présenté les dernières données épidémiologiques du cancer au Maroc, en rappelant que le cancer reste un problème de santé publique, alertant sur l’augmentation régulière du nombre de cas de cancers qui dépasse aujourd’hui les 50 000 cas par an au Maroc. Le cancer est ainsi l’une des principales causes de mortalité prématurée, avec une incidence en augmentation pour la majorité des cancers.

Les intervenants ont également souligné les énormes efforts et progrès réalisés dans la lutte contre le cancer au Maroc lors des dix dernières années, aussi bien en terme de développement au niveau national des infrastructures hospitalières publiques et privées spécialisées, que de l’accroissement rapide du nombre de centres de références permettant le dépistage des cancers partout au Maroc, du nombre et de la sophistication des équipements, de l’accès facilité aux soins et aux traitements, de la mise en place progressive des unités de soins palliatifs, et du développement de la recherche.

Cette journée a aussi permis de sensibiliser les décideurs ainsi que la communauté scientifique sur l’importance de la surveillance du cancer pour lutter contre ce fardeau.

LE REGISTRE DES CANCERS, UNE COMPOSANTE ESSENTIELLE POUR CONCEVOIR LA STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LE CANCER

Les Plans Nationaux de Prévention et de Contrôle du Cancer 2010-2019 et 2020-2029, mis en place dans le cadre d’un partenariat stratégique entre le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale et la Fondation Lalla Salma Prévention et traitement des cancers, n’auraient pu être élaborés sans les données collectées par le Registre des Cancers du Grand Casablanca.

« La Surveillance épidémiologique, via le registre de population du cancer est l’un des piliers de la lutte contre le cancer.  Il joue un rôle unique dans le contrôle de la maladie au sein d’une population. Et permet aux décideurs de se préparer pour le futur en termes d’offre de soins. Le Registre reste le pilier de lutte contre le cancer » a déclaré le Professeur Abdelatif Benider, Président de l’AMRC.

Le Registre des Cancers du Grand Casablanca a été créé en 2004 et grâce au soutien et à l’appui de la Fondation Lalla Salma, ce registre de population a pu avoir une activité pérenne. Depuis sa création, il assure la surveillance du cancer au niveau de cette région en recueillant systématiquement les données des nouveaux cas de cancers, provenant de sources multiples, dans la Région du Grand Casablanca (Préfectures de Casablanca et Mohammedia et les Provinces de Nouacer et Médiouna).
Il est reconnu par le Centre International de Recherche sur le Cancer et positionne le Maroc parmi les 84 pays qui déclarent être dotés d’un registre du cancer. A noter que seuls 1/5 des pays à revenu faible ou intermédiaire disposent des données nécessaires pour guider leur politique de lutte contre le cancer », a souligné Karima Bendahhou, Secrétaire Général de l’AMRC.

La population couverte par ce dispositif dépassant 10% de la population marocaine, les indicateurs générés permettent la surveillance et l’évaluation de la prise en charge des cancers au Maroc, a précisé Dr Sophia Azrib, Secrétaire général adjoint de l’Association.

Son objectif est de présenter une vision globale sur la situation épidémiologique de cette maladie dans notre pays, d’orienter la prise de décision (Achats de médicaments, constructions de structures …), et la planification et le suivi des programmes et actions mis en place dans le cadre de la lutte contre le cancer ainsi que de développer la recherche.

L’ENJEU MAJEUR : DES DONNEES DE QUALITE, FIABLES ET COMPLETES

« On ne peut pas faire de programme de lutte contre le cancer sans un registre de la population fiable », a souligné Dr Rachid Bekkali, Directeur Général de la Fondation Lalla Salma.

Les intervenants de cette 1ere Journée ont ainsi insisté sur l’importance de la fiabilité des données collectées, étroitement liée au processus de collecte et de gestion de la data. L’AMRC a expliqué les enjeux et lancé un appel à toutes les parties prenantes : les hôpitaux publics, les cliniques privées, les laboratoires d’anatomie pathologique publics et privés ainsi que les services de mortalité. En effet, pour pouvoir améliorer les données épidémiologiques, il est aussi crucial de pouvoir intégrer à l’avenir des données de mortalité, d’où l’importance du travail actuellement mené visant au renforcement de l’Enregistrement des Causes de Décès au Maroc comme l’a expliqué Mme Jamila El Mendili, Chef de Service des Etudes et de l’Information Sanitaire au Ministère de la Santé.

Pour fiabiliser la collecte et l’analyse des données, le futur Système d’Information dédié au Registre et inspiré du Système d’Information Hospitalier (SIH) déployé dans les centres d’oncologie publics du royaume, a été présenté aux participants par Mme. Soumaya Fatemi, Chef de projets à la Fondation Lalla Salma.  Il permettra via la digitalisation de couvrir globalement tout le process, de fiabiliser au maximum les données du registre, tout en gagnant en rapidité, en éliminant le recoupage lent et fastidieux des informations provenant de sources multiples et concernant un nombre toujours plus nombreux de dossiers à traiter chaque année. 

En conclusion de cette 1ère Journée du Registre des Cancers, le professeur Abdelkader Acharki, Trésorier de l’AMRC, a incité à la généralisation de la collecte des données pour doter le Maroc d’un Registre de haute qualité avec des données disponibles et accessibles à tout moment ; des données de qualité, complètes, précises et cohérentes et restituées dans les délais impartis, à savoir tous les deux ans.

Un objectif qui ne pourra être atteint sans la participation active du secteur public mais aussi du secteur privé, rouage essentiel et indispensable de la cancérologie au Maroc. Un appel à toutes les forces vives présentes résumé par le slogan de cette 1ère journée consacrée au registre des cancers : Nous avons tous un rôle à jouer.

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