Employer une petite bonne mineure est passible de prison. Informons les employeurs Et libérons des milliers de petites filles d’un travail illégal.


Devant la terrible injustice du travail des enfants, nous ne pouvions que nous indigner mais aujourd’hui, la loi 19-12 a été promulguée et son article 23 mentionne clairement qu’une personne qui emploie un enfant de moins de 16 ans est passible de 25 à 30 000 dirhams d’amende. Il ajoute qu’en cas de récidive, ces amendes sont doublées et l'employeur est passible d'un à trois mois de prison.

DIFFUSONS CE MESSAGE, démultiplions-le à travers nos réseaux sociaux et nos relations pour que l’article 23 soit connu de tous et, qu’au vu de la gravité des peines, il inquiète les employeurs d’enfants et permette de libérer des milliers de petites bonnes. Nous serons fiers d'avoir pu les protéger.

Tel est l’appel lancé par l’association INSAF (Institut National de Solidarité Avec les Femmes en Détresse), ce 10 octobre à l’adresse des médias mais aussi de toutes les femmes et les hommes de bonne volonté. Un petit geste qui, réitéré des milliers de fois grâce à une grande chaîne d’information et de sensibilisation, aura de formidables conséquences. Ne serions-nous pas tous fiers de participer à la libération de l’une des milliers de petites bonnes employées aujourd’hui illégalement au Maroc? Ne serions-nous pas heureux de participer à les protéger et à leur offrir un nouvel avenir?

Pour aborder concrètement la situation actuelle et montrer, tout aussi concrètement, les résultats que des actions menées sur le terrain peuvent produire, Meriem Othmani, présidente d’INSAF, a réuni autour d’elle de nombreux partenaires engagés dans ce combat. Le volet légala été évoqué ainsi que les souffrances physiques et psychiques qui se cachent derrière les chiffres et les portes fermées. Omar Saadoun, responsable de la lutte contre le travail des enfants au sein d’INSAF a présenté deux bachelières, Naïma et Fatema qui, arrachées au travail domestique, ont repris leur cursus scolaire, et surtout leur vie, en main.

L’emploi des mineurs : une réalité et des chiffres accablants

Il est très difficile, voire impossible, de connaître le nombre exact de petites bonnes au Maroc. Selon la première étude nationale réalisée en 2009 par le Collectif pour l'éradication du travail des petites bonnes, elles seraient des dizaines de milliers, âgées de 8 à 16 ans à être exploitées comme domestiques au Maroc. Une forme de traite humaine qui perdure. 

La position de faiblesse des parents ainsi que l'absence de contrat explicite ouvrent la porte à tous les abus et fragilise la position des petites filles qui sont soumises au bon vouloir de leurs employeur(e)s, forcées à travailler de l’aube au coucher du soleil, sans soins médicaux et, bien souvent, en devant se contenter des restes de nourriture. L’actualité de ces derniers mois nous a rappelé de manière dramatique que certaines sont sujettes à des violences quotidiennes, voire aux pires sévices. Elles subissent en silence, tiraillées entre le devoir d’aider leur famille et l’envie d’aller à l’école

Et si la tradition ancienne d’envoyer son enfant se former très jeune pouvait avoir, autrefois, un sens, ce n’est plus le cas aujourd’hui où l’enseignement primaire est généralisé et, faut-il le rappeler, obligatoire. Seul l’école peut leur offrir des perspectives d’un avenir meilleur. Seul l’école peut les sauver.

Employer une enfant mineure est un délit punissable de PRISON et un crime moral. Rien n’excuse ni ne justifie le travail des enfants. Personne n’a le droit de sacrifier la vie d’un enfant. Réagissons et condamnons ceux qui emploient et violentent ces petites filles. Dénonçons ceux qui emploient une petite bonne de moins de 16 ans. Libérons-les toutes et remettons-les à l’école.

Agir et réinsérer, c’est possible 

Il existe aujourd’hui des programmes pour accompagner les jeunes filles à se réinsérer dans le cursus scolaire.

«Quand nous avons commencé à travailler avec les mères célibataires, nous avons constaté que 45% des mamans prises en charge par INSAF étaient d’anciennes petites bonnes. C’est ce qui nous a incité à concevoir un programme pour répondre à cette problématique», explique Meriem Othmani, fondatrice- présidente d’INSAF. Depuis 2002, INSAF a initié un programme de parrainage qui consiste à ramener la petite fille dans son foyer, la réintégrer à l’école et la soutenir en lui achetant des fournitures scolaires et en octroyant à ses parents une bourse scolaire mensuelle de 250 dhs. Des cours de soutien peuvent aussi être prodigués si la petite fille a besoin d’une mise à niveau. Enfin, un hébergement est également envisageable durant ses années de collège et de lycée. Et ça marche. Le programme, déployé à Chichaoua, El Kelâa, Al Haouz et bientôt Taza, a permis à 400 jeunes filles de reprendre leur parcours scolaire. «Actuellement, 16 jeunes filles ont eu leur baccalauréat dans la région d’Imintanout et 31 viennent d’être sauvées et sont en cours de réintégration sociale dans la région d’Al Haouz»,ajoute Meriem Othmani qui est bien décidée à ne pas s’arrêter là puisqu’une première «Dar INSAF», destinée à héberger des jeunes filles sera inaugurée à Talat N’Yaaqoub, à 30 km de Ouirgane, ce mois d’octobre!

Fatima et Naïma font partie de ces jeunes filles, arrachées par INSAF au travail de petite bonne commencée, l’une à l’âge de 9 ans et l’autre à 7 ans. Toutes deux ont obtenu leur bac cette année.

« J’avais 9 ans quand une voisine a proposé à mes parents de me confier à des gens qui, soi-disant, cherchaient à prendre en charge des petites filles. Elle promettait que nous pourrions aller à l’école, ma sœur et moi. Comme nous étions crédules, nous avons convaincu ma mère qui était contre », indique Fatima. Elle a vécu l’enfer deux années durant. Heureusement, INSAF a été alertée et est intervenue afin qu’elle puisse retourner dans son village de Douirane. Elle qualifie le jour où elle a réussi son bac comme « le plus beau jour de ma vie. Avec ma sœur, nous sommes les premières de la famille à étudier ». Aujourd’hui, Fatima a 22 ans. Elle étudie à l’Université Caddi Ayad et vit dans un petit appartement à Marrakech qu’elle partage avec d’autres filles qui ignorent son passé. « Maintenant, le plus important, c’est mon avenir. Il est temps que je devienne maîtresse de ma vie » insiste-t-elle.

Quant à Naïma, placée dans une maison à l’âge de 7 ans, elle réussit à s’extirper de l’engrenage infernal du travail de petite bonne au bout de cinq ans, également grâce à INSAF. « Quand je suis retournée à l’école, j’ai repris goût à la vie et j’ai réalisé que ce que j’avais vécu n’était pas normal. J’ai été une esclave battue. On m’a volé mon enfance et mes rêves » indique Naïma qui a obtenu son bac cette année et vient juste d’être reçue aux Beaux-Arts de Casablanca. « Tout ce que je veux, c’est pouvoir dessiner, peindre, avoir une vie normale et oublier une bonne fois pour toute cet épisode sombre de ma vie » ajoute-t-elle.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A propos de INSAF

Association à but non lucratif, reconnue d’utilité publique, INSAF (Institut National de Solidarité Avec les Femmes en Détresse) a été créée en 1999 par une équipe présidée par Meriem Othmani. Depuis près de 20 ans, l’Association contribue à l’avènement d’une société marocaine qui garantit à chaque femme et à chaque enfant le respect de leurs droits dans un environnement digne et responsable à travers :

-         l’hébergement, l’accompagnement administratif, juridique, médical et psychologique, la formation, la réinsertion sociale et professionnelle des mères célibataires et leurs enfants.

-         la sortie du travail domestique, la protection, la réinsertion en famille et à l’école et le suivi social et pédagogique des filles mineures, des « petites bonnes ».

-         la sensibilisation et le plaidoyer pour le respect et l’amélioration des droits des femmes et des enfants.

INSAF a également pu venir en aide à plus de 10 000 bébés sauvés de l’abandon et à près de 400 filles retirées du travail domestique et réinsérées dans leurs familles et à l’école.

Les partenaires d’INSAF

INSAF remercie très chaleureusement tous ses partenaires, institutions et particuliers, qui la soutiennent et l’accompagnent. Par leur générosité (dons en nature, dons financiers, dons en expertise, dons en animation d’activités pour les bénéficiaires…), ils rendent tous ses projets possibles.

Le programme de lutte contre l’abandon des bébés est soutenu par l’Union Européenne.

Le programme de lutte contre le travail des enfants est porté de nombreuses institutions prestigieuses, notamment l’UNICEF, l’Agence Espagnole de Coopération internationale au développement, la Principauté de Monaco, la Fondation BMCI, la Fondation CDG, le Lycée Lyautey et bien d’autres.

Le programme de parrainage d’une petite bonne s’adresse à tous.

Pour sauver un maximum de petites bonnes et les soutenir tout au long de la scolarité, INSAF s’adresse à la société civile, à travers le Programme de Parrainage INSAF. Le versement, par un parrain, de 250 dirhams chaque mois suffit pour arracher une petite fille du travail domestique, la rendre à ses parents et l’aider jusqu’à ce qu’elle obtienne son bac. INSAF s’engage à envoyer aux parrains les résultats de leur protégée afin qu’ils puissent constater concrètement les résultats que leurs dons mensuels ont permis. INSAF a besoin de l’aide de tous pour sauver ces petites filles, pour leur redonner le sourire et leur garantir un avenir.

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