Dimanche 22 juin, Rabat et Salé ont encore une fois été submergées par une vague humaine portée par la ferveur et la passion de la musique. La 20ᵉ édition du Festival Mawazine – Rythmes du Monde continue d’attirer un public massif, intergénérationnel, venu de tout le Royaume pour vivre des soirées inoubliables sur les six scènes du festival. Et hier soir, ils étaient des dizaines de milliers à répondre à l’appel d’une programmation exceptionnelle, portée par des artistes au sommet de leur art.OLM Souissi : Becky G embrase la scène internationaleÀ l’OLM Souissi, la pop latine était à l’honneur avec l’arrivée très attendue de Becky G. L’étoile américaine d’origine mexicaine, révélée par des titres comme Mayores, Sin Pijama ou MAMIII, a offert un concert électrique, chorégraphié à la perfection, porté par une scénographie flamboyante. Entourée de ses danseurs, elle a livré un show résolument moderne, festif, féminin, où le public, survolté, reprenait chaque refrain avec une ferveur contagieuse. Une performance intense et magnétique qui a illuminé la scène et fait vibrer le public du début à la fin.Espace Nahda : Nancy Ajram, l’émotion à l’état purSur la scène Nahda, Nancy Ajram a prouvé, une fois encore, pourquoi elle reste l’icône incontournable de la pop arabe. Avec une grâce intacte et une proximité rare avec son public, elle a enchaîné les titres qui ont fait sa légende : Ah W Noss, Ya Tabtab, Ehsas Jdeed, Fi Hagat. La foule, nombreuse, chantait à l’unisson, créant une atmosphère de communion pure. Entre nostalgie, élégance et modernité, Nancy a offert une parenthèse enchantée à des milliers de fans conquis.Scène de Salé : Najat Aâtabou, l’icône populaire au sommet de sa puissanceÀ Salé, le public est venu en masse, dès l’après-midi, pour assister à une soirée 100 % marocaine, bouillonnante et puissante. En tête d’affiche, Najat Aâtabou a livré un concert magistral. Militante, libre, portée par une voix rauque et une énergie inépuisable, elle a transformé la scène en un théâtre populaire vibrant. Des classiques comme Hadi Kedba Bayna ou J’en ai marre ont soulevé une marée humaine, dansante, fière, émue.Avant elle, Mounim Slimani a charmé la foule avec ses chansons aux couleurs chaâbi contemporaines, mêlant tradition et fraîcheur. Avec humour et sincérité, il a tissé un lien direct avec le public, dans une ambiance de fête chaleureuse. En ouverture, Rachida Talal a posé une émotion profonde, entre héritage sahraoui et intensité poétique. Sa voix, chargée de mémoire et d’exil, a touché juste, dans le silence respectueux puis les applaudissements nourris de la foule.Bouregreg : Cheikh Lô, entre spiritualité et groove africainÀ Bouregreg, Cheikh Lô a offert un moment suspendu, où le soufisme se mêlait au mbalax, au jazz et au reggae. En longue tunique, dreadlocks attachées, il a livré un concert habité, entre ferveur mystique et groove organique. Le public, massé sur les rives du fleuve, a dansé, médité, applaudi ce monument de la scène ouest-africaine, dont chaque chanson semblait venue d’un lieu intérieur.Théâtre Mohammed V : Michael Kiwanuka, l’âme en voixDans la pénombre feutrée du Théâtre Mohammed V, Michael Kiwanuka a livré l’un des moments les plus intimes de la soirée. Le chanteur britannique, croisement élégant entre soul, folk et rock psychédélique, a touché au cœur avec sa voix chaude, ses silences puissants, sa guitare organique. De Cold Little Heart à Home Again, chaque titre semblait flotter, suspendre le temps. Une salle comble, immobile, bouleversée par la pureté d’un artiste rare.Chellah : Angélica López, la Colombie dans les pierresEnfin, à Chellah, la voix envoûtante d’Angélica López a fait vibrer les ruines millénaires. La chanteuse colombienne a mêlé cumbia, bullerengue, champeta et récit engagé, entre mémoire afro-colombienne et transe caribéenne. Dans un décor chargé d’histoire, sa musique, à la fois fière et populaire, s’est élevée comme un cri de joie et de dignité. Le public, transporté, a dansé avec les tambours, comme si les pierres elles-mêmes reprenaient vie.Une nuit de liesse, de musique et de lienPartout, une foule immense. Partout, des regards brillants, des corps en mouvement, des voix qui s’élèvent. Cette soirée du 22 juin a été un hymne à la diversité musicale, mais aussi à la puissance du lien entre artistes et public. Mawazine, dans sa 20ᵉ édition, n’est pas simplement un festival : c’est une expérience humaine, collective, mémorable.