la 2ème édition du Rapport Annuel sur l'Economie de l'Afrique du PCNS


Dès les premiers cas du Coronavirus relevés en Afrique, les prédictions les plus sombres ont été faites sur la catastrophe sanitaire à venir sur le continent, en raison d'un certain nombre de caractéristiques supposées favoriser la propagation de l'épidémie. Ces prévisions ont été démenties par la rapidité des ripostes des États et par divers autres facteurs. La progression de la Covid-19 en Afrique n’est pas le fait d’une dynamique unique mais plutôt de multiples profils de risques distincts. Une diversité des situations s’est dessinée sur le continent.

Néanmoins, le diagnostic de cette crise inédite fait état d’un choc brutal marqué par un recul historique des principaux indicateurs macro-économiques. La chute du PIB de 2020 est hors normes. Tous les pays du continent sont confrontés à une baisse de leur PIB par tête et à une exacerbation des vulnérabilités sociales. Chaque Communauté économique régionale (CER) a réagi à la crise selon ses caractéristiques propres, l’intensité des contraintes auxquelles elle est exposée et ses capacités de mettre en oeuvre des actions et des politiques communes. Le « retour à la normale » sera probablement progressif. L’hypothèse d’une reprise d’ici à 2023 suppose une croissance vigoureuse dans les deux années à venir.

Les pays africains ont des défis communs et des intérêts convergents. La sortie de la pandémie et la construction d’une immunité sanitaire et d'une résilience économique et sociale contre de nouvelles en cours dans le continent en vue de i) garantir la sécurité humaine des populations, ii) renforcer la solidarité des pays du continent au service d’une Afrique forte et autonome dans un système de l’économie mondiale plus équilibré. S’il y a une leçon à tirer de la pandémie, c’est celle de l’interdépendance des nations. La reconstitution des chaînes de valeur mondiales et régionales se déploient et se restructurent comme autant de vecteurs de cette interdépendance qui demeure une réalité incontournable.

Partie I : l’Afrique, états des lieux de la croissance

L’économie africaine et la Covid-19 : une première évaluation d’impact (Abdelaaziz Aitali & Oumayma Bourhriba)

L’économie africaine se trouve prise en tenaille : d’un côté, une croissance économique qui peine à rétablir les niveaux atteints au début de la décennie 2000 et, de l’autre, une récession économique mondiale qui s’installe à cause de la pandémie Covid-19. L’Afrique n’y échapperait pas et son économie devrait connaître une contraction, dont l’ampleur ne cesse de croître à mesure que le monde recense les dégâts effectifs de la pandémie et des mesures de distanciation à l’œuvre. Les baisses drastiques des prix des matières premières, notamment le pétrole, en sus de la riposte des gouvernements africains, afin de tempérer l’effet de la crise sur l’activité économique, pèseraient également sur les équilibres macroéconomiques et les marges de manœuvre budgétaires. Le financement des soldes déficitaires devrait se heurter au rétrécissement des marges de manœuvre et au resserrement des tensions financières sur le marché financier international.

2. Le marché du travail en Afrique à l’heure de la Covid-19 : handicaps de conjoncture, précarités et déficits de structure (Aomar Ibourk, Karim El Aynaoui & Tayeb Ghazi)

Les bouleversements engendrés par l’avènement de la pandémie du Coronavirus ont remis, au-devant de la scène, les questionnements sur les défis et le devenir du marché du travail en Afrique et dans le monde en général. Certains de ces questionnements portent sur des éléments quantitatifs dans un temps où la pandémie a causé une hémorragie d’emplois. S’ajoutent, alors, les défis de volume aux problématiques de la qualité des emplois en Afrique. Plus que tout autre évènement, les dangereuses implications de la faiblesse de cette dernière [la qualité des emplois] ont été dévoilées par la Covid-19 à plus d’un titre, notamment l’absence de couverture sociale et le très grand risque de tomber dans les sillages de la pauvreté. Le présent article met en avant l’impact de la Covid-19 sur le monde du travail avant de se consacrer à l’Afrique et à ses particularités. Il discute, ensuite, la pertinence de la durabilité des maturations observées au niveau de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et des modes d’organisation. Le Papier conclut en décrivant les principaux défis pour une gestion efficace de la conjoncture, mais également en proposant des pistes d’enseignements à moyen et long termes.

3. La sécurité alimentaire en Afrique : une situation délicate et un avenir incertain à cause de la pandémie Covid-19 (Fatima Ezzahra Mengoub & Ahmed Ouhnini)

Dans la dernière décennie, les défis de la sécurité alimentaire et nutritionnelle persistent en Afrique malgré les progrès notables enregistrés en matière de performances agricoles sur le continent. Les efforts consentis, en termes de mise en place de politiques et de programmes visant à répondre aux enjeux du développement agricole et de la nutrition dans les différentes Communautés économiques régionales (CERs), se sont traduits par une amélioration notable de la situation alimentaire et nutritionnelle. Ces politiques n’ont toutefois pas permis d’éradiquer le fléau de la malnutrition et ses répercussions socio-économiques pour des raisons d’ordre climatique et sécuritaire parfois récurrents. Aujourd’hui, la crise sanitaire de la Covid-19 s’ajoute à ces facteurs d’aggravation et les multiples chocs qu’elle a induit semblent empirer la situation alimentaire et nutritionnelle de plusieurs pays, en particulier ceux qui dépendent des marchés internationaux, en allant jusqu’à compromettre les efforts de lutte contre l’insécurité alimentaire dans le continent pour les années à venir.

4. L’Afrique face aux crises sanitaires : Entre résilience et déficience (Salma Daoudi & Meriem Oudmane)

Malgré les progrès réalisés en termes de l’amélioration de l’état de santé général, le continent africain demeure confronté à des défis sanitaires majeurs qui entravent l’accès équitable des populations aux soins de santé. La pénurie du personnel soignant, l’inefficacité des dépenses publiques de santé et les inégalités sanitaires mettent en péril la capacité des Etats à protéger leurs populations les plus vulnérables. Si ces problématiques se sont retrouvées exacerbées par la rapide propagation de la pandémie du nouveau Coronavirus, le continent a néanmoins réussi à capitaliser sur ses expériences précédentes afin de faire face à la menace sanitaire, faisant preuve d’une résilience inattendue, bien que coûteuse, tant politiquement qu’économiquement. Ce chapitre analyse la performance des systèmes de santé africains, décortique les principaux déterminants socioéconomiques de la santé à travers le continent et dégage les principales leçons à retenir de la gestion des crises d’Ebola et de la Covid-19, afin de renforcer la résilience africaine face aux chocs épidémiques futurs.

5. L’industrie pharmaceutique africaine : La secousse de la Covid-19 (Larabi Jaïdi)

La Covid-19 a mis en lumière les défis et les vulnérabilités liés à la production de médicaments en Afrique. Le continent dépend de façon critique des importations de produits pharmaceutiques. La position de T Afrique dans la carte mondiale de l'industrie n'a pas beaucoup évolué dans le temps. La situation de la production diffère selon les pays mais le marché continental est fragmenté par les spécificités historiques nationales. La production locale dépend, en grande partie, des importations d’ingrédients actifs. L.accessibilité au médicament se pose pour une large partie des populations africaines. Les défaillances dans la mise en oeuvre des systèmes de réglementation retardent l'accès aux produits médicaux de qualité et favorisent la prolifération de produits contrefaits. Les incohérences entre les règles de la propriété intellectuelle et les politiques de santé empêchent l’adoption de solutions durables à l'accès aux médicaments et aux technologies médicales. Les marchés pharmaceutiques africains affichent une croissance soutenue portée par l'urbanisation, les changements dans l'épidémiologie et la consommation médicale. Mais, il y a de forts risques que cette opportunité ne soit accessible qu'aux grands groupes pharmaceutiques internationaux. Ce diagnostic synthétique sur l'industrie pharmaceutique africaine éclaire les facteurs de vulnérabilité de cette industrie vitale dans cette phase de pandémie en analysant les entraves à son développement. Il met l'accent sur les facteurs incitatifs à un renforcement de l'offre, pour répondre à une demande croissante, créer les conditions d’insertion de l'industrie dans une chaîne de valeur régionale et relever les défis de la disponibilité et de la qualité des produits. Cela devrait permettre, à l'avenir, de renforcer la résilience du continent face à des pandémies telles que celle de Covid-19.

6. Le Nigeria : une révolution économique en marche malgré les chocs conjoncturels (Mouhamadou Ly)

Malgré un cycle économique quelque peu volatile, par moments, la tendance observée de l'économie nigériane est porteuse d’espoir. En effet, si les efforts consentis en termes de réformes économiques sont poursuivis, l'économie du Nigeria pourrait se hisser à la lOème place mondiale à l’horizon 2050.Sur le plan conjoncturel, le pays se remettait de la récession économique de 2016 grâce aux politiques budgétaires qui ont été menées. La crise liée à la pandémie de la Covid-19 a permis de constater un volontarisme de la politique économique rarement observé avec, notamment, un appui audacieux de la Banque centrale nigériane aux secteurs réel et financier du pays. Au plan structurel, le Nigeria a longtemps souffert de maux, communs à nombre d’économies reposant sur les exportations d’hydrocarbures, qui ont pour nom « syndrome hollandais » ou encore de « malédiction des ressources naturelles ». Depuis quelques années, le pays s'est résolu à répondre à ces fragilités par des réformes structurelles reposant sur deux piliers : instaurer une règle budgétaire, et promouvoir le développement du secteur agricole. Si ces réformes économiques ont pu se traduire par des restrictions au commerce intra-CEDEAO, il n’en demeure pas moins que cette situation ne constitue pas une menace au projet d’intégration régionale. Bien au contraire, elle offre l'occasion aux pays de construire avec le Nigeria un ensemble sous-régional plus cohérent. Pour se faire deux ingrédients semblent nécessaires. Il y a, d'abord, la résolution de la question des Etats « entrepôts ». Par ailleurs, le défi sera de raffermir les liens entre les chaînes de valeur nationales de façon à faire du Nigeria un hub commercial pour faciliter l'intégration des autres économies de la CEDEAO au commerce mondial.

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13-01-2021 / 11-03-2021

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