Palais et forteresses d’al-mansur ed-dahbi sublimés par son vizir abdelaziz el fashtali



Sommaire

Introduction

• Le contexte de l’étude

٠ Manahil Asafa d’El Fashtali : un trésor qui n'a jamais été à la portée des chercheurs

٠ Notre démarche de recherche

٠ A propos des auteurs

٠ A propos de l'édition

Les points forts de l’étude : bien plus qu’une simple traduction de manahil asafa d’el fashtali

La cartographie : un outil pour appréhender l'histoire de notre patrimoine et pour visualiser le concept de l’oeil voyage

Les images 3D ont été constituées à partir du plan portugais en parfaite adéquation avec les descriptions d'El Fashtali

Mise en lumière de la philosophie d’Ahmed Al Mansur Le concept de patrimoine et patrimonialisation : Le MAROC avangardiste

Le concept de l'instrument prophétique du règne providentiel, à l'instar de Philipe II

Mise en lumière des techniques hydrauliques d’Ahmed Al Mansour
- Le canal Annahr
- La technique du Mabla’ et du mata’ dans les fontaines du Badi.
- Les techniques du siphon inversé dans les sucreries du sous
- La roue élévatrice d'eau de la tour monumentale
- Le système de distribution de l’eau chaude et l'eau froide dans la cité palatriale
Mise en lumière des techniques hydrauliques d’Ahmed Al
Mansour
- Le manquer et le menjem
- La technique de pose des mosaïques. Lizar et le frach d’un seul tenant

Le contexte de letude

C'est dans le cadre de la préparation de mon livre sur le palais el Badi' et la kasbah saadienne à Marrakech qui est en phase avancée, quej'ai demandé à mon père, Mohamed Ben Abdeljalil Belkeziz. grand érudit et chercheur de la langue arabe de reprendre les descriptions d'El Fashtali sur les palais et monuments érigés par Ahmed El Mansur. Les textes établis par des copistes étaient incompréhensibles à cause des nombreuses fautes qu'elles contenaient. En comparant la version éditée d’Abdelkrim Kriem et deux manuscrits de la Bibliothèque Royale, nous réalisions ensembles des lectures de ces textes, lectures qui se sont avérées très complexes car il fallait avoir non seulement une maîtrise de la langue arabe mais également une expertise pointue de concepts, de savoir-faire et de techniques utilisées à l'époque. Pour seulement un chapitre de vingt pages, déchiffrer et comprendre les textes nous a pris environ une année. Nous avons donc considéré que les textes corrigés représentaient un grand patrimoine historique que l'on devait mettre à la portée de tous par l’édition d’un livre.

A propos des auteurs soad belkeziz

Soad Belkeziz est diplômée en 1979 de l'Ecole Supérieure Des Beaux-Arts de Paris (UPi) en architecture et diplômée en urbanisme de l'université de Vincennes et en aménagement du territoire de Institut de Géographie de la Sorbonne à Paris.
Architecte, urbaniste, géographe, elle ouvre son cabinet d'architecte en 1986 et réalise plusieurs plans de sauvegarde et d'aménagements dont le plan de sauvegarde de la médina de Marrakech et de la médina de Taroudant, le plan d’aménagement de la ville de Youssoufia et le plan d’aménagement de la ville de Safï. Architecte experte en tissus anciens et patrimoine, elle a participé à plusieurs projets de restauration tels que celui de la fontaine Chreb ou Chouf ou encore celui de la place Souk El Ghzal, ainsi que plusieurs projets de réhabilitation dans le cadre du programme « Marrakech, cité du renouveau permanent » dont les projets de réhabilitation du Mellah et du circuit spirituel des sept saints.

A Casablanca, l'architecte a réalisé la réhabilitation de la coupole de Zevaco. Elle est l’auteur du « Miracle de l’eau. Marrakech, cité-jardin idéale » paru en 2022 et de « Cartographie de Marrakech. Gravures et plans. » paru en 2023.

A propos des auteurs mohamed ben abdeljalil belkeziz

Linguiste érudit, il est auteur d'une quarantaine de livres de terminologie scientifique étudiés à la manière de l'étymologie, atteignant près de cinquante mille termes traités, et environs vingt mille nouvelles origines étymologiques. En terminologie médicale (anatomie - maux - traitement), et avec l'université de médecine ibn Rochd, il a participé à des conférences médicales à Marrakech, Rabat et Fès. Il a reçu plusieurs distinctions de Sa majesté le roi Mohammed VI, que dieu le bénisse, et a reçu de sa main honorable le Prix Mohammed VI de la pensée islamique en 2008. Il a travaillé une dizaine d'années au côtés de Soad Belkeziz comme participant rédacteur dans des dossiers d'expertises en architecture.

Id territoires

ID Territoires est une maison d’édition fondée en 2022 par Soad Belkeziz. Spécialisée dans la valorisation du patrimoine au Maroc, etle compte à son actif trois livres dont le « Miracle de l'eau. Marrakech, cité-jardin idéale » et « Palais et forteresse d'El Masour Ed-dahbi, sublimés par son vizir Abdelaziz El Fashtali ». Cette maison d'édition ouvre ses bras aux auteurs ayant la même passion pour l'architecture, l'histoire et le patrimoine du Maroc.

Manahil asafa del fashtali une œuvre grandiose qui na jamais été a la portée des chercheurs!

Cette œuvre depuis sa redécouverte en 1960, n’a jamais été analysée avec précision et est restée inconnue jusqu’à ce jour. Les seules références des chercheurs est l’œuvre d’El Ifrani dans Nuzhat Al Hadi qui donne des extraits de plusieurs poèmes d’El Fashtali.

Notre démarche de recherche

Les textes d’El Fashtali sont accompagnés d’analyses sur le patrimoine, de cartes inédites élaborées dans le cadre de la recherche en cours sur la kasbah saadienne et d’une animation en 3D pour aider le lecteur à visualiser les différentes composantes décrites par Abdelaziz El Fashtali. L’ensemble des cartes et des illustrations sont les échantillons d’une recherche que je fais sur la kasbah saadienne depuis déjà sept années. Nous avons éstimé important de faire une animation en 3D de la grande maison du palais Al Badi’ pour faire revivre en image ce lieu emblématique.

Les points forts de l’étude : bien plus qu’une une simple traduction de manahil asafa d’el fashtali

La cartographie un outil pour mieux comprendre l’histoire de notre patrimoine et les descriptions d’el fashtali.

La carte sur la kasbah saadienne, inédite présentée dans ce livre qui décrit les entrées du palais El Badi’ et les circulations, est le fruit d’une synthèse d’un ensemble de documents historiques, du plan portugais, de la restitution actuelle et d’enquêtes sur le terrain pour identifier toutes les traces de la kasbah saadienne, les murs, les vestiges de tracés urbains qui sont toujours présents sur le site. C’est une carte qui apporte des informations nouvelles et détaillées sur le plan de la kasbah saadienne telle qu’elle était constituée. Elle illustre parfaitement les descriptions d’Abdelaziz El Fashtali sur les deux entrées qu’il décrit du palais El Badi’.

La kasbah saadienne qui est aujourd’hui en grande partie occupée par des constructions laisse entrevoir par des tracés anciens de murs, les grandes composantes de la kasbah saadienne telles qu’elles étaient constituées. Ce plan reconstitué après plusieurs années de recherches donne une nouvelle ouverture sur l’histoire de la kasbah saadienne.

L’œil voyage !

D’autres cartes ont été établies à partir d’une technique de description propre à Abdelaziz El Fashtali quand il décrit ce que voit l’œil quand il voyage. « l’œil voyage » a été restitué sur le parcours du « canal Annahr », prolongement du canal de Tassaltante qui participait à la composition architecturale et esthétique de l’ensemble des bâtiments qu’il traversait sur environ trois kilomètres entre la Birka El Udma (le bassin el Hna dans les jardins de l’Agdal) et la Birka El Koubra, le grand bassin de Dar el Koubra (palais El Badi’). Abdelaziz El Fashtali fait une description très intéressante montrant que le canal artificiel traversait la bâtisse située au point le plus haut (le pavillon el Hna au sud du bassin el Hna Agdal) traversait les deux portes de la bâtisse monumentale, parcourait le grand jardin El Massara pour entrer dans la kasbah, franchissait Bâb Annahr,le jardin Annahr puis passait sous la Koubba Khadra puis passait sous la Koubba Ajjaj puis se jetait dans le grand bassin du palais El Badi’. Ensuite, l’eau prolongeait son cours sous un pont en marbre placé sous le portique de la Koubba Khamsinia pour rejoindre les deux bassins aux extrémités nord-ouest et sud-ouest.

El Fashtali décris avec précision les quatres entrées des bains du palais Al Badi’ qui a été conçu au centre même de la cité palatine. C’est à partir des bains que se fait toute la distribution de l’eau chaude et de l’eau froide à l’intérieur de la cité.

Les images 3d ont été constituées à partir du plan portugais un véritable trésor patrimonial en parfaite adéquation avec les descriptions d’el fashtali.

Les images 3D ont été reconstituées à partir des descriptions d’El Fashtali mais également à partir du plan portugais un vrai trésor patrimonial qui a été réalisé pour des objectifs d’espionnage afin de transmettre à l’empereur Philippe II toutes les informations sur les constructions érigées par Ahmed EL Mansur. Le plan comporte en effet une charte graphique que l’on a étudiée depuis de longues années et qui permet de connaitre avec précision les formes des bâtiments, les matériaux de construction, les décors, les couleurs etc....

Pour citer des exemples de la finesse du plan portugais.

Les colonnes en façade présentent un renflement très apparent dans le plan portugais correspondant à «l’entasis», technique ancienne pour rééquilibrer la vue de loin.

Les grands bâtisseurs de la Grèce antique avaient relevé que la vision humaine déformait les lignes horizontales et verticales. Une colonne vue de loin tend à sembler plus étroite en son milieu, et la courbe convexe, en l’élargissant, rétablit la ligne droite. C’est la technique architecturale de « l’entasis », qui selon Héron d’Alexandrie, compense une illusion d’optique par un renflement des colonnes. Vitruve a aussi évoqué le « profil doux et gracieux » de ce renflement situé à mi-hauteur ou vers le tiers de la hauteur. Il s’agit donc d’un véritable trompe-l’œil architectural dont le but est de redonner une vue de loin harmonieuse. Le temple du Parthénon à Athènes a été construit sans aucune ligne droite pour corriger la vision optique, les colonnes sont plus épaisses, jusqu’à 1/3 de plus, sur la hauteur. Dans le plan portugais nous avons relevé que les colonnes en façade présentaient un renflement au niveau du tiers de leur hauteur, détail qui se répétait et qui devait avoir une explication architecturale. Notre attention a été retenue par certaines colonnes saadiennes retrouvées sur le site de Safi qui présentent ce même renflement. On sait également qu’à l’époque de la Renaissance Italienne le trompe-l’œil a atteint son apogée au XVIè et XVIIè siècle

Quelques images 3d

l’image représente le vestibule de la Koubba Khamsiniya avec les colonnes en marbre à renflement mais également la bande en marbre blanc incrustée de marbre noir.

Quelques images 3d

La koubba Annasr est reconstituée d’après les descriptions d’El Fashtali qui décrit longuement l’arc monumental du porche de la victoire réalisé après la victoire de oued El Makhazzine, la bataille des trois rois.

Mise en lumière de la philosophie d’AHMED AL MANSUR

Avant d’entamer les descriptions des constructions El Fashtali va parler de plusieurs concepts très importants pour Ahmed El Mansour Ed Dehbi.

Le concept de patrimoine et de patrimonialisation

On relève d’après les textes d’El Fashtali que la notion du patrimoine et de la patrimonialisation est déjà présente chez Ahmed El Mansur qui était très attentif au patrimoine laissé avant son règne qu’il a préservé au maximum reprochant aux Almohades et aux Mérinides de ne pas avoir protégé toutes les richesses des dynasties précédentes. Le concept de patrimoine et de patrimonialisation est apparu pendant la renaissance italienne qui a inspiré beaucoup de pays dont le Maroc.

Reconnaissant le patrimoine laissé par les dynasties précédentes, Ahmed El Mansur aspire à laisser aux générations futures un patrimoine de la dynastie saadienne ou zainadite qu’il lèguera à la génération future. Ce patrimoine, il le veut sublime, dépassant en grandeur et en beauté tout le patrimoine existant laissé par les Almohades, les Mérinides ainsi que toutes les merveilles connues depuis la nuit des temps depuis la ville d’Iram aux colonnes et les AD décrits dans le Coran.

On constate que déjà au xvi siècle on parle de patrimonialisation

Il va donc œuvrer pour construire le patrimoine représentant son règne que rien ne peut dépasser en grandeur et en beauté. Pour cela il va importer toutes les technologies dans tous les domaines, domaine de l’hydraulique, de la construction, des arts décoratifs. Le Maroc se trouvait au centre d’une plaque tournante du commerce, de la culture entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique et rivalisait avec les pays les plus puissants du monde.

Une patrimonialisation adaptée au concept marocain

Dans le domaine de l’architecture le Maroc à cette époque a créé sa propre identité en utilisant d’abord ses propres richesses héritées des almohades, des mérinides, richesses qu’il a su développer. De par sa position au centre du monde et sa grande richesse provenant du commerce de l’or et du sucre. Il a utilisé les plus hautes technicités, les matériaux les plus prestigieux de son époque et en s’inspirant des réalisations les plus connues au Maroc, en Orient, en Europe et en Andalousie. Dans la description des 400 chapiteaux de l’enceinte de la grande maison, Ahmed El Mansur donnait lui même le concept de chaque chapiteaux et disait qu’il voulait créer un art maghrébien authentique spécifique au Maroc. Il signale les chapiteaux almohades de la mosquée Koutoubia mais en précisant que les chapiteaux saadiens valent beaucoup mieux que les chapiteaux almohades. On sent qu’Ahmed Al Mansur a cette volonté de surpasser tous les autres dynasties.

Le concept de créativité. el ibda’

Abdelaziz El Fashtali va beaucoup utiliser le concept de créativité ? El Ibda’,qui est nécessaire pour fabriquer ce patrimoine grandiose et qui est la grande qualité d’Ahmed El Mansour .Ahmed El Mansour a choisi de donner le nom «El Badi’» à son palais pour mettre en avant, d’abord son personnage comme étant le calife du prophète donc de Dieu et ensuite sa création comme étant une innovation parfaite jamais réalisée dans l’histoire de l’humanité.

La recherche de la perfection dans la créativité al ighya

El Fashtali utilise à maintes reprises la notion d’«el Ighya’» qui est la recherche de la limite ultime dans la créativité au point de la rendre divine donc surhumaine comme il se plaisait à le dire. Tout au long des descriptions notamment de la maison du harem «à droite de la Koubba Khadra», El Fashtali positionne Ahmed El Mansour comme l’architecte d’une intelligence surhumaine qui a conçu les plans, les a tracés et a rendu perplexe tous les experts qui étaient en charge de la construction. El Fashtali parle d’une lumière prophétique qui l’a guidé .El Fashtali mentionne aussi des voyages célestes que le Commandeur des Croyants fit. «Il a fait un voyage dépassant la position des astres». El Fashtali fait allusion ici à la limite dépassée par le prophète lors de son ascension céleste pour rencontrer Dieu ! Pour se donner une légitimité auprès de la grande communauté musulmane, il construit le plus grand palais jamais édifié dans le monde selon El Fashtali, extraordinaire, exceptionnel, merveilleux, superbe, incomparable et dépassant en grandeur tous les palais construits dans le monde.

Les techniques innovantes utilisées par Ahmed El Mansour décrites par El Fashtali. Ces techniques reflètent un savoir-faire dans plusieurs domaines dans le domaine hydraulique, architectural et dans l’art décoratif..

Les techniques hydrauliques citees par el fashtali.

Les Nasrides avaient réussi à installer une structure hydraulique complexe pour transporter l’eau dans les jardins du Généralife jusqu’au palais de l’Alhambra par le biais d’un canal artificiel long de six kilomètres, le canal l’Acequia Real, et par un réseau perfectionné de bassins, de citernes, de roues élévatrices ainsi qu’un réseau de conduites souterraines et un système de siphons très perfectionné. Ahmed Al-Mansur s’inspirant probablement de la période nasride construisit un canal artificiel de grand calibre même navigable puisqu’il dépassait les quatre mètres de hauteur, et qui a permis de lier deux grandes étendues d’eau, la Birka El Udma située à trois kilomètres de la ville (le bassin monumental el Hna dans le jardin d’Agdal) et la Birka El Koubra de quatre-vingt-dix mètres de long située au milieu de «Dar El Koubra», la Grande Maison du palais El Badi’. Ce dernier fut construit comme une haute estrade de manière à libérer le sol le laissant entièrement à la circulation de l’eau. Le tout fut entièrement étudié car l’eau traversait plusieurs bâtiments sur son parcours. Rien ne fut laissé au hasard, concrétisant une réalisatio hydraulique de grande perfection autant sur le plan technique qu’esthétique. Abdelaziz El Fashtali fait une description très intéressante montrant que le canal artificiel traversait la bâtisse située au point le plus haut (le pavillon el Hna au sud du bassin el Hna Agdal) traversait les deux portes de la bâtisse monumentale, parcourait le grand jardin El Massara pour entrer dans la kasbah, franchissait le jardin Annahr puis passait sous la Koubba Khadra puis passait sous la Koubba Ajjaj puis se jetait dans le grand bassin du palais El Badi’. Ensuite, l’eau prolongeait son cours sous un pont en marbre placé sous le portique de la Koubba Khamsinia pour rejoindre les deux bassins aux extrémités nord-ouest et sud-ouest.

La technique du mabla’ et du matla’ dans les fontaines du badi’

Le « mabla’ et le Matla’ », citée plusieurs fois pour les fontaines du palais El Badi’ est une technique hydraulique qui utilise le principe des vases communicants inventée depuis le premier siècle par Héron d’Alexandrie et qui permettait de faire monter l’eau dans la fontaine. » Le mabla’ » faisait d’abord descendre l’eau par un appel d’air dans le vasque du bas pour avoir une pression suffisante pour le matla’ qui la faisait monter en haut.

En supposant en haut le jeu du jet est réglé par une « chechia », une calotte en marbre permettait le fonctionnement du jet.

Abdelaziz el Fashtali parle de plusieurs sculptures sur la « chechia » la calotte en marbre, représentant la courge, le concombre le melon, des grappes de raisins, les bras de régimes de dattes. Probablement les artisans venus d’Europe ont réadapté les sculptures au contexte local. Les dessins qui accompagnent cette représentation sont un échantillon de la reconstitution du palais El Badi’ que j’ai réalisé en se basant principalement sur les descriptions d’El Fashtali, l’estampe de Matham et le plan portugais que je considère comme un vrai trésor légué à notre patrimoine et qui n’a pas été suffisamment exploité.

La technique du mabla’ et du matla’ dans les fontaines du badi’

Les pressoirs à sucre qu’Ahmed El Mansour a construit dans le Sous à Haha et à Chichaoua ont nécessité une technique hydraulique des plus performantes. Elle permettait d’élever le cours d’eau par un aqueduc à une hauteur de 20 mètres créant la chute d’eau, force nécessaire pour tourner la roue hydraulique et fonctionner les meules. Le cours d’eau monte progressivement grâce à un système de siphon inversé placé dans des regards d’une hauteur entre 40 cm et 80 cm. (un à deux coudées) Al Fashtali utilise une métaphore très originale, «comme pour monter une chamelle, il faut descendre pour monter». « Puis il a assuré , que Dieu l’assiste pour faire fonctionner les meules de pressoir faits d’éléments en bois massif, l’adduction des eaux du cours d’eau Assif Anoual qui traversent la très grande étendue de l’espace environnant pour les faire gravir ensuite vers le sommet des murailles de construction robuste et « addienne » très élevées vers la sommité du ciel,. Il est arrivé à faire monter le cours d’eau jusqu’au sommet de la muraille grâce à un aménagement dicté par une connaissance d’expert et les règles de la trigonométrie. D’abord ce cours d’eau se baisse pour s’élever à une hauteur d’une coudée ou deux comme il arrive pour monter une chamelle docile, puis il ne cesse de monter petit à petit jusqu’à arriver au ciel, où il s’accroche comme à des crinières tout en étant accolé à son dos toute sa vie. Il court entre ses éminences jusqu’à arriver à sa chute sur les aubes des meules à une hauteur de 40 coudées. »

La roue elevatrice d’eau de la tour monumentale

Plusieurs autres techniques hydrauliques sont citées comme la roue élévatrice qui permettait de monter l’eau dans la grande tour.

« Les soins dont cette tour est entourée ont atteint leur maximum par les réalisations de fontaines marmoréennes, de couleur argentin. Ces fontaines font danser leurs eaux abondantes par le moyen d’un gigantesque élévateur à grande roue. Cet engin est considéré comme une réalisation de valeur historique qui a fait l’objet de la décision du Roi ».

Le systeme de distribution de l’eau chaude et l’eau froide dans la cite palatiale

Le système ingénieux de distribution de l’eau froide et chaude dans l’ensemble de la cité palatiale se faisait à partir du hammam qui a été positionné d’une manière centrale dans la cité palatiale. Quand il décrit le Harem nouvellement construit et son bain il cite des techniques incroyables de distribution de l’eau froide et chaude. Toutes ces descriptions sont des véritables richesses pour la recherche scientifique.

L’incroyable trajet du canal anahr sur plusieurs kilometres venant du bassin monumental de la massara et aboutissant aux bassins de la grande maison

Quand il décrit le grand canal d’eau, il est d’une grande précision, décrivant les matériaux avec lequel il est construit, son parcours incroyable sur plusieurs kilomètres, comment ses eaux circulent sous les différents bâtiments qu’elles traversent avant de pénétrer et se déverser dans les bassins de La « Dar El Koubra », la grande maison. Celle-ci est décrite longuement avec ses majestueuses « Koubbas » qui se concurrencent entre elles en beauté et en somptuosité, « la Koubba AJaj », « La koubba Khamsiniya », « la Koubba Anasr », « la koubba Tijanes » qui s’organisaient autour d’un magnifique et grandiose patio, entouré de 500 colonnes en marbre et où les bassins et les parterres fleuris formaient une composition paradisiaque.

les techniques architecturales

Le manquer et le menjem

La technique du « manquer et du Menjem» est citée plusieurs fois par Abdelaziz El Fashtali quand il parle des arts décoratifs du bois. C’est une technique innovante du tenon et mortaise et qui permettait de faire des assemblages en bois sans clous. Elle consiste à assembler des pièces en forme de losange, d’octogones ou d’étoile par des baguettes mortaisées sans utiliser ni clou ni colle. La technique appelée kundekari en Turquie est un héritage seldjoukide et avait permis de réaliser de véritables chefs-d’œuvre. Elle a l’avantage d’être facile à mettre en œuvre puisque les pièces étaient sculptées avant d’être montées mais elle permettait également de combiner plusieurs matières dont le nacre, l’ivoire ou l’os, écailles ,or, pierres précieuses ou bois peint. Elle a vu le jour au Maroc pour la première fois dans le Minbar de la Koutoubia importé de l’Espagne musulmane. Cet art s’est développé produisant des coupoles artesonado d’une extrême beauté !

Technique de pose des mosaiques.lizar et le frach d’un seul tenant

Les descriptions d’El Fashtali sont d’une extrême richesse quand il décrit la technique de pose des mosaïques dont les liserés formaient une continuité parfaite entre les murs et le sol. Ce qui est d’une extrême difficulté dans l’exécution sachant qu’il faut arriver à une continuité parfaite entre les liserais et que les panneaux de zelliges sont travaillés à l’envers.

« Sous cette ceinture, le recouvrement mural est constitué d’un zellige éclatant par ses colorants clairs et fins. Ce recouvrement mural en zellige fusionne avec le recouvrement en zellige du sol en une surface d’un seul tenant. Le décor du zellige est constitué par des motifs délimités par des listels qui ont des courbures colorées en montant en descendant , en prenant des positions obliques, état simple ou complexe. »

 

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